18 juin 2010
Le vieux
Judex à l'issue de sa réflexion ne voyait qu'une explication : Amilcar avait dû être surpris lors d’une de ses multiples visites à la grotte. Il avait donc commencé à mener secrètement son enquête, fouinant dans les cases diverses, à l’affût d’un signe ayant pu trahir un des membres de la communauté. Il n’en parlait pas, redoutant que ses questions ne compromettent un peu plus l’espoir de retrouver les livres. Celui ou celle qui les avaient cachés devait bien avoir ses raisons. Cela restait un mystère entier pour Judex : pourquoi vouloir aller déménager des centaines de livres d’un endroit où ils étaient asi bien à l’abri? A l’inverse, celui- ou celle-là n’avait aucune raison de soupçonner Judex de connaître le secret, Judex voulait profiter de cet avantage, ... A moins qu’il n’ait été surpris lui-même lors de ses deux seules visites à la grotte ?
C’est alors qu’il eut l’idée d’en parler à Lavergne, qui probablement pourrait aider Judex dans ses recherches. Ce n’était pas trahir Amilcar que de révéler ce secret, qui de toute façon n’en était déjà plus un. Lavergne était un homme digne de confiance, qui saurait sans nul doute faire bon usage d’un tel secret. Judex n’eut pas le temps d’aborder le sujet, car les deux hommes venaient d’atteindre l’extrémité de la clairière. Lavergne s’était arrêté, faisant signe à son compagnon de rester quelques instants là à l’attendre, puis s’était enfoncé dans la futaie. Le jeune homme promena son regard et trouva une roche pour se reposer. Il entendait le bruit proche des branchages remués par le vieux.
Le vieux, Judex en avait confusément conscience, représentait le père qu’il n’avait jamais connu. Le respect qu’il lui vouait, mais aussi parfois la révolte qui l’avait animé avaient quelque chose de filial. Judex se remémorait les moments pas si éloignés où il redécouvrait le monde en compagnie de Lavergne et d’Amilcar. Le vieux leur avait retracé l’histoire des hommes, des sciences et des techniques, expliqué les sources du progrès, la lente évolution de la nature, puis l’ascension fulgurante de l’homme, trop rapide pour qu’il puisse lui-même la contenir, bientôt dépassé par ses propres inventions. Brutalement, Judex réalisa alors qu’il lui semblait évident que Lavergne possédât des livres. Comment pouvait-il en être autrement ? Il fallait qu’il lui pose la question, car ce dernier pourrait ainsi lui en procurer, et surtout l’aider à retrouver les autres...
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02 mars 2010
Suis là
Ben oui pas de note depuis plus d'un mois même pas fêté l'anniversaire de mon blog qui avait combien déjà ?
4 ans 4 février 2006 oh la la que c'est loin ça mais non c'est hier kesketurakonte ? Suis là suis pu là pour parler de tout de rien des girafes du ciné des livres de mes coins pas carrés des images glanées de ci là de par le monde de mon monde qui tourne rond pas si rond que çà pour parler de l'Afrique des frasques de mes cons tant porains de l'avion de mes spleens de mes emportements transcontinentaux transocéaniques transbordements de ceux qui viennent là me serrer la pince de ceux à qui je rend visite sur leur blog des fidèles des occasionnels j'ai pas oublié je suis toujours là étonné visites qui continuent à s'égréner sur le compteur malgré mon silence je continuerai à semer des mots des images des émotions des coups de gueules semblant de rien enfin pas si semblant de rien que çà
Vous êtes toujours là alors moi aussi monde virtuel j'assume
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08 décembre 2009
Soir
Soir lassitude décontraction laisser aller Soir baillement repas à préparer Soir petite bière canapé salvateur Soir un cafard promeneur se dandine là me narguant de ses dizaines de pattes velues Soir journée à digérer nuit vengeresse âme qui vive Soir un moustique psizize dans mes oreilles me tintinabule les chevilles Soir fatigue Et demain ?
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05 décembre 2009
les livres
Cela faisait maintenant plus d’un quart d’heure que les deux hommes marchaient sous le couvert. Le chemin avait d’abord pris la direction de l’est, puis continuant sa courbure, s’était enfoncé vers le sud, remontant une pente assez forte pour contourner une faille de plusieurs dizaines de mètres qui surplombait un bassin dont Judex avait jusqu’à présent ignoré l’existence. Le sentier s’arrêta brusquement à l’arrivée dans une clairière, mais Lavergne continua tout droit, s’avançant vers l’autre extrémité, éloignée de plusieurs centaines de mètres. La clairière était comme suspendue, bordée sur la droite par la faille qui s’était approfondie et élargie, témoignant d’un effondrement de terrain ancien. Les arbres limitaient la clairière sur les trois autres côtés, donnant l’impression que la forêt avait été découpée à cet endroit par quelque main habile de géant de façon à dessiner un arc de cercle nu avant le précipice.
Les pensées de Judex étaient revenues à la grotte et à son contenu mystérieusement disparu. Qui pouvait bien avoir dérobé les multiples livres et documents entreposés là ? Ce ne pouvait certes pas être Amilcar, déjà parti quand Judex était revenu dans la grotte pour y dévorer goulûment des écrits divers dès le lendemain. A moins qu’Amilcar n’y soit revenu en cachette, mais Judex avait du mal à imaginer que son ami ait pu lui montrer ce trésor, avant de le dérober et donc de l’en frustrer. Alors, quelqu’un d’autre dans le village, mais qui, alors, avait connaissance de l’existence de la grotte, et pour quelle raison ? Amilcar avait donné l’impression de confier un secret connu de lui seul et de personne d’autre...
A moins qu’il ne s’agisse de Rose-Améline ? Cette possibilité avait effleuré très tôt l’esprit de Judex. Il était très probable en effet qu’Amilcar ait partagé avec sa soeur le secret de la grotte, et que celle-ci, une fois Amilcar parti, ait fait en sorte de faire disparaître, pour une raison ou une autre, ces traces. Judex en avait bien entendu touché deux mots à Rose-Améline, car il envisageait mal de ne pas partager un tel doute. Mais celle-ci ne connaissait pas l’existence de la grotte, et Judex lui avait donc révélé cette partie cachée de l’existence de son frère. Elle n’avait pas voulu aller plus loin dans la réflexion, préférant occulter dans l’immédiat tout ce qui avait trait à son frère.
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24 octobre 2009
La forêt de tamarins
Lavergne tira Judex de sa rêverie en l’amenant au dehors, l’invitant à le suivre. Ils se dirigèrent vers la forêt de tamarins. Judex était curieux et impatient de découvrir la raison pour laquelle l'ancien l’avait fait monter dans son repère. Les jours s’étaient succédé si rapidement depuis le départ d’Amilcar. Les diverses tâches avaient eu raison du vide créé. Finition du branchement électrique du village, premiers essais fructueux. La fête offerte spontanément par la communauté à celui qui faisait office de guide dans ce monde nouveau d’où avait disparu toute assurance ou sécurité.
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19 août 2009
Le volcan
L’activité volcanique fréquente de ses dernières années ne surprenait plus personne, contrairement à la longue période qui avait précédé et pendant laquelle on avait cru que le monstre s’était définitivement éteint. Lavergne avait expliqué les diverses hypothèses développées par les scientifiques à la fin du siècle concernant les potentialités évolutives du volcan, et chacun avait repris conscience du danger éventuel qu’il pouvait faire peser sur l’île, dans cent ans ou demain. Dans l’immédiat, ceux qui avait pu approcher les zones d’activité au cours des années passées avaient raconté aux autres la féerie de l’embrasement venu des entrailles de la terre et la magnificence des fleuves de lave s’épanchant et dardant la nuit de reflets de sang, avant d’aller affronter l’immensité liquide en passe de se faire rogner encore un peu de sa surface.
Certains, aiguillonnés par les rêves engendrés par les récits, avaient décidé, comme souvent quand se produisait une éruption, de monter une expédition, et c’est un groupe d’une petite dizaine accompagnés des enfants les plus âgés du village, qui avaient démarré très tôt la veille pour une randonnée de plusieurs jours à travers les montagnes. Judex songeait à ce voyage qu’il n’avait jamais fait, et auquel il avait encore une fois renoncé, ne pouvant se permettre de repousser les travaux qu’il devait terminer avant l’arrivée de la saison chaude et cyclonique.
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28 juin 2009
L'expert en mécanique
L’expert en mécanique détacha son regard du hublot percé dans la cloison à la couleur claire. Le bruit léger du frottement de pieds nus contre le sol l’avait sorti de sa rêverie. Le grand échalas dégingandé à la tignasse crépue et en short bleu qui se tenait dans l’ouverture de la case évoquait un champignon à la tige longue et fine qui avait crû trop rapidement. Lavergne, tout en lui souhaitant la bienvenue, s’épongea le front avec la serviette rapiécée, espérant ainsi lutter contre la torpeur moite de ce milieu de journée alourdissant les esprits et les mouvements. Allongeant le bras sur l’accoudoir de son fauteuil, il se dirigea vers le baquet et y prit deux noix évidées. Il les emplit d’un breuvage douceâtre, et en tendit une à Judex tandis qu’il s’apprêtait lui-même à se désaltérer.
Le jeune homme plongeait les yeux au travers du hublot, sans y voir vraiment les arbres s’agitant finement à la brise légère : au loin, les volutes de fumée témoignaient du réveil du volcan depuis maintenant presque deux semaines. C’est Lavergne qui avait signalé au village la réapparition des fumerolles, puisque lui seul, du fait de la situation de sa case était en mesure de les apercevoir, et la nouvelle avait alimenté les discussions du soir des premiers jours.
11:57 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelles et textes brefs
19 juin 2009
Bon vieux temps ...
Judex revoyait le cauchemar de la veille. N’avait pas été prémonitoire par certains aspects ? Plutôt que de se poser 36 questions sur Amilcar et son choix, il était amené à se préoccuper de son propre positionnement dans le monde qui l’entourait. Son ami avait décidé d’aller voir ailleurs, ça le regardait. Judex ne voulait même pas émettre la moindre critique négative à son égard. Les événements de ces derniers jours avaient remué au plus profond de lui-même de vieilles questions qu’il croyait avoir réglées depuis longtemps. Dans le même temps que son corps et son esprit avaient pu partager leurs émois au travers de son amour avec Rose-Améline, ces contacts indirects avec les signes d'un monde qu’il croyait disparu réveillaient en lui des sensations contradicatoires. Pour rien au monde, il n’aurait voulu revivre les moments cauchemardesques du RMI et des ASSEDIC. Et pourtant, d’autres choses avaient disparu, qu’il aurait volontiers retrouvées. . .
21:15 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vive la vie, écritures, nouvelles et textes brefs
11 mai 2009
Pleine Lune
Lune
Pleine
Déjà tard
Dormir
Poser
Reposer
Rêver
Blafarde
Blanche
Eclatante
Poésie
Silence
Nuit
Avant le jour
Avant la semaine
Se lever
Enfourner
Affronter
Demain
Pleine lune
Aguichante
Laisse moi dormir
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09 avril 2009
Saveurs du soir
Promenade du soir. Sentir les muscles travailler. Pourquoi broyer du noir ? Chaleur tropicale moribonde. Esprit vagabonde. Un chien. Loup pas loup. Yeux félins. Tranquille suiveur. Compagnon filou. Regard happeur. Montée au clair de presque crépuscule. Saveurs du soir.
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15 mars 2009
La ville
Cette fois ci les visiteurs n’avaient rencontrés ni parlé à personne. Certains les avaient vu fuir pendant l’incendie. Les discussions allaient bon train à Bras Sec sur les raisons d’un tel acte, et sur les implications d’une telle évolution quant à l’avenir. Ceux de Bras Sec qui avaient l’habitude de se rendre à la ville pour vendre leurs produits au marché forain émettaient leur opinion sur l’état actuel de la société qu’ils observaient là-bas. Les marcheurs-marchands de Bras Sec répétaient à cette occasion la crainte qui les animaient depuis un certain temps déjà. Pendant combien de temps pourraient ils continuer à se rendre dans cette ville devenue de plus en plus dangereuse et invivable à leurs yeux ? En attestaient le nombre croissant de ceux qui la fuyaient, de ceux qui avaient choisis depuis longtemps de reconstruire autre chose après la désertification des campagnes hâtée par la folie des hommes et par les catastrophes naturelles du siècle dernier.
D’autres atténuaient le discours pessimiste, soulignant les incertitudes quant aux instigateurs inconnus du feu. Et puis cet incendie pouvait après tout être naturel étant donnée la conjonction d’un fort vent et d’un soleil puissant quand s'atait déclaré l'incendie. Et puis, tout n'était pas si noir que ça à la ville. La disparition des contacts avec la métropole lointaine qui avait trop à faire avec ses propres problèmes, avait mis en place des communautés de citoyens de mieux en mieux ancrées et développant non seulement l’entraide à l’intérieur de la ville, mais aussi les échanges avec le reste de l’île, notamment l’est, resté moins isolé géographiquement. Des contacts commençaient même à se refaire avec les autres îles de la région par voie de mer, puisque d’avions il n’était plus question. Ces dernières paroles plutôt rassurantes avaient permis de rasséréner quelque peu Rose-Améline qui avait commencé par imaginer son frère Amilcar aux proies des plus infâmes individus, dans un univers fantasmagorique fait plus de monstres faméliques que de créatures accueillantes et dévouées ...
23:25 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelle, nouvelles et textes brefs
23 janvier 2009
L'incendie
Bras Sec était en effervescence. Il faut dire que la nouvelle était de taille, et avait de quoi nourrir les conversations de par les craintes et les incertitudes qu’elle engendrait. Rose-Améline et Judex étaient arrivés avant l’heure du midi, et avaient pu faire assez rapidement les habituels échanges et acquisitions diverses pour les habitants de Bois-Rouge. C’est en grignotant ensuite à la Taverne des Anes, avant de reprendre le chemin du retour, qu’ils avaient appris la raison du feu qu’ils avaient aperçu le matin même de chez Lavergne.
C’était bien d’un village que montaient les fumées. Le feu avait pris dans les broussailles envahissant la pente vers le nord, et s’était avancé vers les cases sans que les habitants ne puissent le stopper. Ils n’avaient pu que fuir et observer, impuissants, la destruction qui s’était étendue à la plupart des cultures entourant l’îlet. Un groupe était monté jusqu’à Bras Sec pour demander de l’aide. Il fallait en effet reconstruire, et surtout survivre, et les villages alentour allaient permettre de subvenir aux besoins de la population du village, dans l’attente de nouvelles récoltes.
La surprise, et la consternation venaient en fait de la probable cause de ce désastre, dont on pouvait difficilement imaginer qu’il fût naturel. Un des habitants avait aperçu de grand matin un groupuscule d’étrangers s’aventurer non loin des cases, sans y prêter plus d’attention, car il était relativement fréquent que les parages soient visités par des jeunes ou moins jeunes aventuriers venant de la ville par la corniche ou la montagne.
Souvent même, les villageois liaient volontiers conversation avec ces gens issus d’un autre monde, monde résidu extrait du passé, de leur passé, dont ils ne voulaient plus. Il leur était agréable d’échanger et de deviser avec ceux qui leur racontaient l’évolution là-bas, leur donnant bonne conscience, et les confortant dans le choix qu’ils faisaient de rester confinés dans les grands espaces, isolés du progrès ou de ce qu’il en restait. Certains des visiteurs restaient même pour plusieurs jours, voire s’installaient dans un des villages, parfaitement intégrés dans ces nouvelles mini sociétés.
épisode précédent ? --> Scène de vie
22:34 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelle, nouvelles et textes brefs
12 janvier 2009
Soir mâlin
Soir mâlin chaleur qui s'estompe souffle léger enfin rafraichissant pluie du crépuscule escadrilles de femelles moustiques avides de chevilles tendres esprit qui voudrait s'échapper feuillages qui s'agitent arbre du voyageur palmier bouteille au loin des moteurs poussant sur la colline quelques abois un margouillat qui gloglotte derrière un cadre le clavier continue à vibrer sous les doigts concentrés projet presque à point inquiétude il faut que ça marche temps donné temps passé temps suspendu souci du travail bien fait secondes minutes heures jours nuits mois semaines samedis dimanches murmures du silence chaque son entité disctincte quelles vies derrière ces bruits clarté tintinabulante de la pénombre écriture du monde chaleur mâline esprit tendu réflexions en émoi constructions de la pensée il ne pleut plus plus un souffle pesanteur de l'air soir estompé pleine lune moite spirale envoûtante l'air ne bouge plus j'écris je vibre je vis.
23:07 Publié dans Pensées multiples | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelles et textes brefs, nouvelles
22 décembre 2008
Mme Arside
La vieille femme exhalait encore une fraîcheur et un dynamisme hors du commun. Elle était arrivée en sautillant, supportant le lourd fardeau que constituaient deux jarres remplies d’eau, complétées par un panier rempli de fruits posé sur sa tête. Elle affichait une maigreur qui pourtant n’entravait pas l’aspect extérieur de robustesse qu’elle donnait. Elle posa les récipients et le panier dans un coin, lança un bref bonjour aux jeunes gens, avant de leur servir de quoi se désaltérer. Tous trois s’échangèrent les dernières nouvelle et parlèrent d’Amilcar et de son départ pendant un bon moment. Madame Arside aimait les visites que ce dernier lui faisait épisodiquement, seul ou accompagné de sa soeur ou de Judex. Les discussions avançaient toujours autour des livres anciens, et la vieille femme avait toujours été étonnée des connaissances littéraires de ce jeune africain d’origine, de sa mémoire des textes et des auteurs du siècle précédent. Elle se demandait ce que ce jeune passionné pouvait bien aller chercher dans les méandres des résidus de la civilisation post-moderne. Elle exposa ses théories à Rose-Améline, en tentant de convaincre la jeune fille de ne pas se morfondre au sujet de cet éloignement, qui ne serait, elle en était sûre, que provisoire. Pour sûr, Amilcar était parti chercher la trace des livres dans les seuls endroits où il avait encore une chance d’en trouver...
La matinée avançait, et les deux jeunes durent prendre congé s’ils voulaient être de retour avant la tombée de la nuit. Ils sortirent les provisions destinées aux deux occupants isolés de l’ilet, en échange des fruits collectés pour eux par Madame Arside, puis reprirent le chemin de Bras Sec, où ils pourraient se réapprovisionner en matériels, consommables, et ingrédients divers en échange des quelques kilos de légumes qu’ils transportaient. Ils auraient peut-être aussi des nouvelles du monde extérieur, qui ne représentait plus pour eux qu’une menace potentielle, même s’il continuait à leur procurer quelques éléments de facilité et de confort, bien que ceux-ci soient de plus en plus difficiles à trouver...
L'épisode précédent ? ---> Dieudonné Arside
L'épisode suivant ? ---> Scène de vie
Le début ? ---> Terres du passé
Cirque de Mafate, La Réunion, juillet 2003
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09 septembre 2008
Dieudonné Arside
Judex et Rose-Améline sursautèrent simultanément quand surgirent soudainement à leur côté une marée de mouvements désordonnés issus d’un être dont l’apparence humaine était évidente, malgré l’incongruité première de son comportement spontané. Les bras s’élançaient par saccades vers l’avant ou latéralement, décrivant d’amples mouvements dont il semblait que le but premier était de montrer un point éloigné dans le ciel ou à l’horizon, ou de se protéger d’un ennemi attaquant par surprise. Amples mouvements s’accélérant puis se freinant tout aussi rapidement, accompagnés, sans aucune coordination, par ceux de jambes dont la fonction restait pourtant de soutenir celui à qui elles appartenaient, et même de lui permettre la fonction de mobilité par la marche, si on pouvait appeler marche ce qui ressemblait plus à une danse ou un rituel étrange.
Il s’agissait bien entendu de Dieudonné, le fils de madame Arside. Son visage se lançait maintenant dans une succession de contorsions qui rappelaient à Judex les descriptions de Quasimodo. Les lèvres s’avançaient puis reculaient, s’ouvraient avec parcimonie pour laisser passer des sons aigus accompagnés de sourires. Dieudonné parlait, souhaitait la bienvenue aux visiteurs. Son corps s’était calmé, et ne lançait plus que quelques soubresauts incontrôlés. Les deux arrivants le remercièrent puis se dirigèrent vers la case et s’installèrent dans l’une des deux uniques pièces pour attendre Madame Arside que Dieudonné était allé chercher au poulailler.
22:36 Publié dans Coin Fiction | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : vive la vie, écriture, nouvelles, nouvelles et textes brefs